Delphine de Vigan, autrice
A une amie qui me demandait de résumer le travail de Célia de Laleu, je répondis un jour en forme de boutade :
« des arbres et des gens ». Mais quelques secondes plus tard, j’éprouvai le besoin de corriger : « une poésie du vivant ». Puis j’ajoutai : « quelque chose de très puissant et mystérieux qui relierait l’humain et le végétal ».
Je me souviens d’une série d’oeuvres réalisées à une époque par Célia de Laleu, des radios médicales de corps transformées en paysages, de telle sorte qu’on ne pouvait plus en deviner l’origine. Il me semble que ces travaux contenaient l’essence même de sa démarche, qu’elle n’a cessé d’agrandir et d’enrichir depuis. Tenter de saisir ce qui bruisse, ce qui vibre, ce qui palpite : le souffle presque invisible du vent dans les feuilles, la lumière qui surgit de l’ombre, l’onde qui bat sous la peau. Les corps, les visages, les arbres ou les arbustes se donnent à voir dans leur diversité et leur singularité, tantôt familiers,
tantôt oniriques. Parfois ils sont seuls - nus dans leur irrémédiable solitude, parfois ils se touchent, se rencontrent. Ce qui m’émeut vient d’un jeu très subtil entre le noir et le blanc, l’obscur et le lumineux, le tourment et l’apaisement. J’aime autant les sculptures que les encres, et inversement, qui participent de la même recherche : comment occuper un corps, occuper l’espace, être vivant ?
Texte présenté lors de l'exposition collective Puissance 4