BIO, DÉMARCHE ARTISTIQUE

Delphine de Vigan, autrice

A une amie qui me demandait de résumer le travail de Célia de Laleu, je répondis un jour en forme de boutade :

« des arbres et des gens ». Mais quelques secondes plus tard, j’éprouvai le besoin de corriger : « une poésie du vivant ». Puis j’ajoutai : « quelque chose de très puissant et mystérieux qui relierait l’humain et le végétal ».

Je me souviens d’une série d’oeuvres réalisées à une époque par Célia de Laleu, des radios médicales de corps transformées en paysages, de telle sorte qu’on ne pouvait plus en deviner l’origine. Il me semble que ces travaux contenaient l’essence même de sa démarche, qu’elle n’a cessé d’agrandir et d’enrichir depuis. Tenter de saisir ce qui bruisse, ce qui vibre, ce qui palpite : le souffle presque invisible du vent dans les feuilles, la lumière qui surgit de l’ombre, l’onde qui bat sous la peau. Les corps, les visages, les arbres ou les arbustes se donnent à voir dans leur diversité et leur singularité, tantôt familiers,

tantôt oniriques. Parfois ils sont seuls - nus dans leur irrémédiable solitude, parfois ils se touchent, se rencontrent. Ce qui m’émeut vient d’un jeu très subtil entre le noir et le blanc, l’obscur et le lumineux, le tourment et l’apaisement. J’aime autant les sculptures que les encres, et inversement, qui participent de la même recherche : comment occuper un corps, occuper l’espace, être vivant ?

Texte présenté lors de l'exposition collective Puissance 4

Célia de Laleu est sculptrice et plasticienne à Nantes. Depuis une vingtaine d'années, elle façonne la matière pour révéler l’essence du vivant. Son parcours artistique a commencé avec le modelage à partir de modèles vivants, pratique qui s'est élargie au volume, aux installations, à la vidéo, à la peinture, à l'encre de Chine. En parallèle de sa pratique personnelle, elle transmet sa passion et son savoir-faire en tant qu'intervenante à la Terre au bout des doigts.

Son langage plastique s'est construit sur la figuration du nu et le noir et blanc. Avec Max Figerou, sculpteur nantais, elle place le corps au cœur de l’émotion artistique, regarde le nu comme un paysage, le modèle vivant comme l’alpha et l’omega du langage du sculpteur, sa grammaire imposant le rythme et l'équilibre. Grâce à la plasticienne nantaise Fanny Alloing, elle a exploré d'autres représentations de l’intime, touché du doigt les questions existentielles du fragile et du sensible dans le volume.